Le cinéma itinérant
L’histoire du cinéma itinérant
A ce jour, il n’existe pas de définition juridique des circuits de Cinéma itinérant. Pourtant, pour être reconnu comme tel, le CNC exige un minimum de deux points de diffusion. Celui-ci sera identifié comme une salle de cinéma fixe par son numéro d’autorisation livré par le CNC. Le circuit devra établir un point référent, sur lequel sera identifié le circuit. Par exemple, l’association CinéLigue Hauts-de-France a choisi la commune de Beaurainville (Salle Saint-Martin) pour identifier son activité.
Un circuit de cinéma itinérant se situe sur un territoire dans lequel une structure intervient pour proposer des séances de cinéma. Le plus souvent, ces séances sont organisées dans des salles polyvalentes, des salles des fêtes ou des maisons culturelles. Le but est de pouvoir faire bénéficier de propositions cinématographiques aux spectateurs des milieux ruraux, éloignés des salles de cinéma fixes. Les programmations sont souvent pensées avec des films de l’actualité grand public, des programmes classés Art&Essai ou encore des long-métrages ayant marqué l’histoire du cinéma.
Le cinéma s’est démocratisé au début du 20ème siècle avec l’ouverture des premières salles fixes. Après la seconde guerre mondiale, les salles de cinéma étaient très réputées et avaient une affluence importante. Dix ans plus tard, l’arrivée de la télévision provoque un essoufflement du cinéma lorsque le grand public était à genoux devant la télévision en voyant le général De Gaulle dans son salon. L’itinérance devient de plus en plus compliquée et commence à être dépassée par la télévision.
Au début des années 80, des projecteurs 35mm adaptés à l’itinérance sont mis en vente. Ce phénomène relance l’itinérance. C’est ainsi que le tout premier circuit de cinéma itinérant a été fondé en 1978. Des bénévoles et des jeunes objecteurs de conscience, parfois salariés, étaient chargés d’assurer des projections en 35mm. Les projectionnistes bénévoles devaient donc transporter leur matériel sur les lieux de projections (écrans, projecteurs, bobines, etc…). Les films étaient sur de grosses bobines que les distributeurs acceptaient de « louer » aux circuits.
Depuis, les circuits de cinéma itinérant se sont beaucoup développés. Selon l’étude de l’Association Nationale des Cinémas Itinérants datant de 2015, plus de la moitié des circuits sont nés entre 1981 et 1985. Depuis 2010, cinq se sont fondés, malgré le passage au numérique.
Les quatre circuits de cinémas itinérants des Hauts-de-France
Depuis 2018, CinéLigue Hauts-de-France (Nord et Pas de Calais), Ciné Rural 60 (Oise) et les FDMJC 02 (Aisne) et FDMJC 80 (Somme), se sont réunis dans le but de fonder une Association Régionale sous le modèle de l’ANCI. Voici une petite présentation des circuits.
CinéLigue – Hauts-de-France
L’histoire de CinéLigue – Hauts-de-France remonte à 1927, avec la création de l’ORCEL (Office Régional de Cinéma Éducateur Laïc). Cette structure fait alors partie d’une trentaine de cinémathèques de France, structurée en 1929 avec la Fédération Nationale des Offices Cinématographiques d’Enseignement et d’Éducation Laïques. En 1946, après la Seconde Guerre Mondiale, l’ORCEL change de nom et devient l’ORLEIS, l’Office Régional Laïc d’Education par l’Image et le Son. La structure couvre un plus large territoire qu’aujourd’hui et descend jusque dans une partie de la Champagne-Ardenne. L’une des principales missions de l’ORLEIS était de gérer la cinémathèque de l’enseignement public de Lille au 104 rue de Cambrai, actuel bureau de CinéLigue – Hauts-de-France. Ce lieu était une ressource pour les enseignants qui souhaitaient disposer de copies de films abordant tout sujet : de la médecine à la littérature en passant par la géographie ou la psychologie. Il est notable que cette cinémathèque proposait également des films pour les enfants : une première volonté de l’ORLEIS de proposer une éducation aux images, comme Cineligue – Hauts-de-France le fait aujourd’hui. L’ORLEIS avait également pour mission de fédérer une centaine de Ciné-club de la Région du Nord-Pas-de-Calais.
L’arrivée de la gauche au pouvoir au début des années 80 marque un virage important dans l’histoire du Cinéma, notamment avec la politique culturelle menée par Monsieur Jack Lang, créateur de l’Agence pour le développement Régional du Cinéma (ADRC) en 1983. Certains OROLEIS choisissent alors de passer au cinéma commercial en créant des circuits de cinéma itinérants. C’est le cas de l’ORLEIS Nord-Pas-de-Calais, qui, à la fin des années 1980, couvre un réseau de 130 points de diffusion réalisant 130 000 entrées par an, le but étant de tenter de faire perdurer l’action des ciné-clubs et de revenir aux origines du cinéma. Mais cette activité n’est pas rentable : elle s’appuie sur le principe du partage des recettes avec les communes. La situation financière de l’association devient de plus en plus difficile à contrôler. C’est alors que l’ORLEIS scinde son activité et créé Cinépromo pour la gestion du circuit de cinéma itinérant.
A la fin des années 90, Cinépromo s’engage à restructurer ses points de diffusion, à reprendre une activité d’éducation aux images et à proposer une nouvelle programmation, sous la présidence de Jean-Claude Dupont. Ce changement marque un tournant important dans l’histoire de l’association, puisqu’elle devient propriétaire du 104 rue de Cambrai à Lille, (actuel siège de la structure), en 2003. C’est alors que Cinépromo devient CinéLigue, afin de marquer son affiliation à la Ligue de l’enseignement. Les nouveaux points de diffusion sont arrêtés aux frontières du Nord-Pas-de-Calais, d’où le nom de CinéLigue – Nord-Pas-de-Calais. Le 1er janvier 2018, CinéLigue est devenu CinéLigue Hauts-de-France, suite à la loi NOTRe : la reconfiguration du territoire Français par les nouvelles grandes régions.
L’éducation aux images est une priorité pour le circuit de CinéLigue Hauts-de-France. Tout d’abord, la structure a créé son propre dispositif « Élèves et spectateurs » en 2005, afin de proposer une éducation artistique et culturelle à tout établissement scolaire adhérent au cycle. Des interventions théoriques et pratiques sont mises en place par ce biais. CinéLigue coordonne depuis 15 ans le dispositif national Lycéens et Apprentis au cinéma avec l’ACAP – Pôle Image Régional d’Amiens. De plus, CinéLigue a créé un événement incontournable dans les Flandres lors des vacances scolaires de Pâques « Les P’tites Toiles d’Emile ».
Ciné Rural 60
L’Oise est sans doute le département le plus éclectique de la Région Hauts-de-France. Le sud du territoire, proche de la Région Parisienne est très riche, contrairement au Nord. Au tout début des années 80, quelques communes du nord-ouest du département souhaitaient mettre en place des actions culturelles. Trois villages se sont donc associés pour créer un ciné-club en 1982, via la Ligue de l’enseignement de l’Oise. Fouilloy, Formerie et Milly-sur-Thérain ont pu compter sur le répertoire de l’UFOLEIS (Union Française des Oeuvres Laïques pour l’Education par l’Image et le Son) : la fédération des Ciné-clubs de la Ligue de l’enseignement, pour diffuser de vieux films. Finalement, le catalogue de cette structure n’était pas adapté au grand public. En 1984, Ciné Rural 60 est né sous la forme d’un circuit de cinéma itinérant avec un numéro d’exploitant délivré par le Centre National du Cinéma et de l’image animée. Toujours affilié à la Ligue de l’enseignement, Ciné Rural 60 dispose d’une soixantaine de communes dans son circuit dès 1990. Le circuit se sépare de la Ligue au milieu des années 90 et devient totalement autonome à ce moment là.
D’après Patrick Fizet, fondateur de Ciné Rural 60 : « Pouvoir bénéficier d’une activité culturelle en milieu rural est essentielle. Je suis devenu Cinéphile en créant Ciné Rural 60 et je militerai toujours pour le développement du cinéma, du théâtre et du spectacle vivant dans les milieux ruraux ».
Aujourd’hui, Ciné Rural 60 dispose de 7 salariés et développe de plus en plus son activité en milieu rural. Récemment classé Art&Essai par le CNC, le circuit propose même son propre festival de Cinéma Itinérant en milieu rural dont la nouvelle édition de 2019 propose des ateliers de réalisation, d’éducation aux images, des séances plein air et des avant-premières en salle !
Les circuits des FDMJC 02 et 80
En France, la Fédération Française des Maisons des Jeunes et de la Culture a été créée en 1948 à l’initiative de André Philip, suite à la « République des jeunes », mouvement issue de la résistance de 1944 : « Nous voudrions qu’après quelques années, une maison d’école au moins dans chaque ville ou village soit devenue une maison de la culture, une maison de la jeune France, un foyer de la nation, de quelque nom qu’on désire la nommer, désire la nommer, où les hommes ne cesseront plus d’aller, sûrs d’y trouver un cinéma, des spectacles, un bibliothèque, des journaux, des revues, des livres, de la joie et des lumières ».
Une entraide entre les homologues pour mettre en place des projets novateurs en commun
Grâce au soutien de CinéLigue Hauts-de-France et de l’ARCI, le circuit de Ciné Rural 60 a été classé Art&Essai depuis septembre 2018. De plus, les deux structures ont pu d’or et déjà réaliser des documents pédagogiques commun, dans le but de mutualiser les méthodes d’Education à l’Image en milieu scolaire. Ainsi, les films Parvana et Bienvenue à Gattaca ont été accompagnés en milieu scolaire par les deux médiateurs culturels cinéma des circuits.
Mais les premiers succès 2018 de l’ARCI ne s’arrêtent pas là. Pendant la fête du cinéma d’animation d’octobre et le mois du film documentaire de novembre, les circuits ont pu développer de nouveaux partenariats avec les médiathèques départementales de la nouvelle grande Région Hauts-de-France, afin d’étendre leurs activités et de présenter aux publics les fonds de ces médiathèques.
Pour l’année 2019, l’ARCI étend ses objectifs et se concentre sur l’innovation. Les 4 circuits se sont donc fixés des objectifs en terme d’éducation à l’image et d’exploitation cinématographique dans le but de s’adapter aux publics demandeurs, aux territoires ruraux et aux politiques culturelles de la Région : Accompagnements de programmes régionaux, interventions d’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire, accompagnements de séance pour les tout petits, animations de noël, séances plein air et développement de partenariats avec les médiathèques départementales.
De plus, les circuits de l’Aisne et de la Somme sont désormais classés Art&Essai grâce à leurs programmations culturelles !
En 2019, l’ARCI a bénéficié d’une subvention exceptionnelle de la DRAC pour travailler sur un projet série. Après concertation des homologues des 4 circuits, il a été décidé que l’ARCI profiterait de ce financement pour créer une série, sous forme d’ateliers de réalisation avec les publics des milieux ruraux, mais aussi de créer des ateliers « séries » mêlant visionnage et apprentissage.
Cette web série est disponible depuis le lundi 4 mai 2020 sur cette page
En 2020, l’ARCI se concentre sur les « nouvelles images » et créé des ateliers d’éducation à l’image autour des jeux vidéos, grâce au recrutement d’un jeune salarié en alternance, Dylan GILLIOT, en formation MEDIATIC à l’université Lille III.
Durant la longue période de crise sanitaire liée à l’épidémie de la COVID-19, les deux salariés de l’ARCI ont développé de nouveaux ateliers d’éducation aux médias autour de la cyber-citoyenneté, la réalité virtuelle et les fake news. De plus, grâce à une subvention exceptionnelle de la DILCRAH, l’ARCI-HdF a fait évoluer son atelier série autour des Simpson pour concentrer ses interventions autour la lutte contre le racisme et la haine anti-LGBT.
Quelques éléments de communication de l’ARCI
Plaquette ARCI « Les ateliers développés par l’ARCI-HdF »
Plaquette ARCI « Plaquette ARCI Séances Plein Air 2024 »